oiseaux de mauvais augure / birds of ill omen
oiseaux de mauvais augure
au-dessus de Gorée la noire
roches basaltiques cernant l’île aux esclaves
cellules sombres chaînes de fer porte du non-retour
au loin le continent Dakar le port plus loin encore
au-delà de la mer et du désert ton pays dit Hawad
et plus loin encore les îles de la déportation
baobabs cercueils surgis de la terre rouge du Sahel
vers la voûte chauffée à blanc d’un ciel sans nuées
offrande sanglante d’un dieu vivant à la majesté de la nuit
une lune géante monte lentement dans un rêve de ciel
tempête et embruns sur l’immensité du lac Débo
villages de terre s’abandonnant aux sables des berges
des chevaux blancs et libres caracolent dans le vent
le fleuve trace son cours sur un parchemin hors du temps
sur la rive se dresse le tombeau de la vierge
sacrifiée pour que naisse et perdure
la ville de terre aux ruelles de poussière
soupirs dans l’air du soir ou est-ce le fleuve qui pleure ?
labyrinthe du palais qui cisèle ses pierres roses
croissants de lune noirs des pirogues sur les eaux
les poissons séchés débordent des paniers tressés
des enfants tracent à l’ombre d’un mur
la parole sacrée sur leur tablette de bois
et pour l’éternelle faim des hommes verdissent les carrés
de blé et de riz à la lisière des dunes blondes
sur la lumière de Tombouctou
le vent jette un voile de sable
tombeaux des saints ensablés dans la pierraille
le gardien de la mosquée m’offre une fleur
de cotonnier l’imam une poignée de sable
hommes femmes enfants remodèlent
maisons et temples de terre
avant qu’ils ne retournent à la terre
puis la foule se prosterne dans le sable grège
au soir repas et poèmes sous un ciel orphelin d’étoiles
quand résonnent les tambours caravanes des douleurs
j’ai jeté l’ancre au creux d’une dune
amarrée hors du temps
cette terre est notre terre et une autre terre
idiomes des paysages et des hommes
inscrits en signes éphémères
birds of ill omen
above black Gorée
basalt boulders encircling the island of slaves
dark cells iron chains the door of no return
the continent far off the port Dakar still farther
beyond the sea and the desert is your country says Hawad
and farther still the islands of deportation
baobabs coffins thrusting up from the red earth of Sahel
towards the white-hot vault of a cloudless sky
bloody offering of a living god to the night’s majesty
a giant moon rises slowly through a dream of sky
storm and seaspray on the immensity of Lake Débo
earthen towns giving themselves over to the sand of its shores
free white horses prancing in the wind
the river traces its course on timeless parchment
on the riverbank rises the tomb of the virgin
sacrificed for the birth and survival
of the earthen town with its lanes of dust
sighs rise in the evening air or is it the river weeping?
the labyrinth of the palace that chisels its pink stones
black crescent moon pirogues on the waters
dried fish overflowing the braided baskets
in the shadow of a wall children trace
the sacred words on their wooden slates
and for man’s eternal hunger squares of wheat
and rice turn green alongside the blonde dunes
the wind throws a veil of sand
across the light of Timbuktu
saints’ tombs with sand covering the loose stones
the guardian of the mosque gives me a cotton-
flower the imam a handful of sand
men women children are reshaping
houses and temples of earth
before they return to the earth
then the crowd prostrates itself in beige sand
in the evening a meal and poems beneath a sky orphaned of stars
when the drums sound — caravans of grief
I dropped anchor in the crevice of a dune
moored outside time
this earth is our earth and another earth
dialects of landscapes and men
inscribed in ephemeral signs
Printed from Cerise Press: http://www.cerisepress.com
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