[ligne droit la ville vue par cœur] / [A straight line the city seen by heart]
ligne droit la ville vue par cœur
les mannequins des vitrines des mortes debout
des noyées les bouteilles qui suivent le fil du fleuve
au-delà de la porte le monde appartenait aux sauterelles
aux pierres héritées de père en fils
vent et silence parlaient la même langue dans les anfractuosités
la mère qui entourait nos murs par d’autres murs
nous protégeait du savoir qui blanchit les cheveux
des ronces qui poussent sur les paumes de celui qui écrit
du persiflage de l’encre
la mère nous voulait analphabètes comme le caillou
savants comme le roseau qui écrit les firmans des sultans
en majuscules et en majesté
— VÉNUS KHOURY-GHATA, Où vont les arbres
(Mercure de France, 2011, p. 93)
REPRINTED WITH THE AUTHOR’S PERMISSION
A straight line the city seen by heart
shop-window mannequins dead women standing upright
bottles following the river’s current were drowned ones
Beyond the door the world belonged to locusts
to stones passed down from father to son
Wind and silence spoke the same language in the crevices
The mother who surrounded our walls with other walls
protected us from knowledge that whitens your hair
from the thorns that grow in the palms of those who write
from the mockery of ink
The mother wanted us illiterate as a pebble
learned as the reed writing sultans’ decrees
majestic in majuscules
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